Évacuation générale d'un IGH - une organisation nécessairement réfléchie
Les caractéristiques particulières qui président depuis 1967 à la conception et à la construction des immeubles de grande hauteur (notamment la division en compartiments résistant à l’incendie), permettent en cas de début d’incendie de limiter l’évacuation des occupants au seul compartiment sinistré (correspondant généralement à un étage).
L’évacuation partielle du bâtiment constitue la règle en IGH. C’est pourquoi le nombre et la largeur des escaliers n’y sont pas déterminés par rapport à l’effectif total des personnes admises dans l’ensemble de l’immeuble, comme cela est d’ailleurs prévu pour tous les autres types de bâtiment.
Dans ces conditions, le signal d’alarme d’évacuation est automatiquement activé à la détection incendie du compartiment sinistré et ne doit pas être audible en dehors de celui-ci (Disposition rendue obligatoire par l’arrêté du 18/10/1977 abrogeant le règlement du 24/11/1967 et reprise dans le dernier règlement de 30/12/2011).
L’évacuation générale parfois indispensable
Pour autant, des évènements ou des circonstances exceptionnelles peuvent conduire à prendre la décision d’une évacuation générale de l’immeuble (attentat, découverte objet suspect, coupure secteur d’un IGH ne disposant que d’un seul groupe électrogène, propagation anormale d’un incendie consécutive à des installations de sécurité mal entretenues par exemple…°).
C’est ainsi que par arrêté du 22/10/1982, le règlement IGH a intégrée une obligation supplémentaire pour le propriétaire ou son mandataire sécurité : « prévoir la possibilité d'une évacuation de l'immeuble dans sa totalité et procéder (éventuellement) à des exercices. ».
Cette obligation se traduit par la nécessité de rédiger une note définissant les modalités retenues pour l’organisation de l’évacuation générale de l’immeuble (art. GH 60). Cette note doit être annexée au registre de sécurité afin de pouvoir être tenue à la disposition de la commission de sécurité.
Comment organiser l’évacuation générale du bâtiment ?
Le principe général souvent retenu repose sur une évacuation séquencée, réalisée par groupe d’étages, afin de favoriser la fluidité des flux de personnes empruntant les escaliers pour rejoindre le(s) aire(s) de rassemblement au niveau d’évacuation sur l’extérieur.
La typologie du système de sécurité incendie (SSI) qui équipe un IGH permet cela en autorisant la mise en fonctionnement, depuis le poste de sécurité, du signal d’alarme d’évacuation dans chacun des compartiments de façon dissociée.
L’objectif est donc d’assurer une évacuation totale, dans des délais raisonnables mais sans précipitation, en évitant notamment que les occupants d’un groupe d’étage ne pénètrent à leur niveau dans des cages d’escalier déjà largement empruntés par les occupants en provenance des niveaux supérieurs.
Le nombre d’escaliers, l’effectif des occupants par compartiment, le temps moyen nécessaire pour rejoindre les escaliers, puis pour descendre d’un niveau, sont autant d’éléments à prendre en considération pour définir les groupes d’étage, le nombre de compartiments par groupe et le rythme avec lequel l’alarme d’évacuation y est activée par télécommande depuis le poste de sécurité.
Une évacuation dans les meilleures conditions
Si le séquencement ne s’improvise pas, c’est l’ensemble de l’organisation de l’évacuation générale qui doit faire l’objet d’une réflexion. Celle-ci doit s’appuyer sur les caractéristiques propres à chaque immeuble et se traduire par une procédure et des consignes.
Les points suivants sont notamment étudiés :
- identification des responsables habilités à donner l’ordre d’évacuation générale,
- identification des services de secours qui devront être alertés (s’ils ne sont pas déjà présents sur site)
- inventaire des ressources potentiellement disponibles sur lesquelles l’organisation peut s’appuyer (SSIAP, agents de sûreté, personnels d’accueil, techniciens de maintenance, …°),
- attribution du rôle de chacun (fiches de tâche),
- rôle des équipes locales de sécurité (présence ELS selon classe d’IGH),
- dispositions à prendre pour interdire le moment venu les différents accès au bâtiment (accueil principal, secondaire, livraisons, VIP, depuis parking en sous/sol…°)
- validation des aires de rassemblement (localisation, capacité d’accueil, …)
Enfin, deux aspects doivent faire l’objet d’une attention particulière :
- La prise en charge des personnes en situation de handicap (PSH) et plus particulièrement celles ne pouvant emprunter les escaliers (Personnes à mobilité réduite (PMR) ou circulant en fauteuil roulant).
- Les mesures envisagées pour informer en temps réel les occupants de la nature exacte de l’évacuation, sachant que rares sont les IGH disposant d’une sonorisation générale.
Cette réflexion n’est toutefois nécessaire que si le process d’évacuation générale retenu sur l’IGH impose une conduite à tenir différente de celle pour laquelle les occupants ont été entrainés au travers la réalisation des exercices annuels d’évacuation de leur compartiment (Par exemple suppression de la 1ere phase d’évacuation souvent prévue lors d’une évacuation partielle, consistant généralement sur un IGH à se mettre provisoirement à l’abri au niveau N-4 à l’audition du signal d’alarme).
Il est donc difficile d’envisager l’évacuation générale d’un IGH dans des conditions satisfaisantes sans réfléchir préalablement à son organisation et aux mesures associées. .
Dans le cadre des prestations qu’elle réalise sur ces immeubles, SERIS, avec l’appui de sa Direction Technique Sécurité Incendie, veille à contribuer à cette réflexion en collaboration avec les parties prenantes, dont le mandataire de sécurité IGH.
Il nous semble ensuite utile de pouvoir vérifier concrètement l’efficacité de l’organisation retenue au travers la réalisation d’un exercice d’évacuation générale de l’IGH. Si cet exercice n’a pas aujourd’hui de caractère obligatoire, il s’avère souvent riche d’enseignements.